Sessions Irlandaises

 Même si l'objectif de ce site est avant tout de gérer les slow sessions de Metz et Nancy, il n'empêche que la finalité pour tout étudiant est - entre autres - de participer à de vraies sessions irlandaises à travers le monde.

On remercie Carmelo pour le partage du document suivant qui explique comment fonctionne une session irlandaise, son but, ses "règles".

On ne connaît hélas pas l'auteur de cette liste, mais nous lui en sommes très reconnaissants car elle est très complète 💓.

 

1. Définition d'une session irlandaise
2. Comment s'installer dans la session ?
3. Qui démarre les suites ?
4. Comment démarrer une suite ?
5. Quand démarrer une suite ?
6. Qui enchaine le morceau suivant dans une même suite ?
7. A quelle vitesse jouer les morceaux ?
8. Peut-on jouer autre chose que de la musique irlandaise ?
9. Quels morceaux ?
10. Combien de morceaux, combien de fois ?
11. Quelle place pour le chant ?
12. Quelle place pour les airs lents ?
13. Quelle place pour la danse ?
14. Comment apprendre le répertoire ?
15. Puis-je jouer en session un morceau que je ne connais pas ?
16. Combien d’instruments par pupitre ?
17. Accompagnement ?
18. Improvisation ?
19. Conclusion
20. Références
    

1. Définition :

Une session est un rassemblement de musiciens, jouant de la musique irlandaise. Bien qu’il n’y ait pas de règle officielle, une certaine étiquette permet à chacun de trouver sa place dans le respect des autres participants. Ce fascicule est une tentative de description de ces règles. La plupart de ces règles ne sont en fait que des marques de politesse élémentaire. 

Il n’est question ici que des sessions ouvertes « all musicians welcome » et non des sessions privées.  

Une session n’est ni un concert, ni un cours de musique, c’est un lieu et un espace de rencontre permettant aux participants de se retrouver, d’échanger de partager.

Ce document n’est pas un code de la session comme il existe un code de la route, il n’y a pas de gendarme dans une session, il s’agit d’un ensemble de conseils que le rédacteur lui-même a du mal parfois à suivre mais qu’il juge bon de se rappeler de temps en temps.

2. Comment s’installer dans la session ?

• Dans le doute sur le fait que la session soit ouverte ou pas, demander entre deux sets de morceaux aux musiciens installés s’il est possible de les rejoindre.
  
  
• A moins d’avoir un accès facile à une place en périphérie de la session, attendre entre deux sets de morceaux pour s’installer afin de ne pas déranger les musiciens qui sont en train de jouer.
  
  
• Vérifier en choisissant une chaise ou un tabouret que celui-ci n’est pas déjà occupé. L’occupant s’est peut être temporairement absenté pour commander une boisson ou faire une pause cigarette. La proximité d’un instrument de musique posé est un bon indice laissant supposer que la place n’est pas libre.
  
  
• Accordage : afin de ne pas déranger les autres musiciens, ne pas s’accorder pendant une suite de morceaux, attendre une pause. Seuls de légers ajustements sont envisageables pendant les morceaux. Vous pouvez vous accorder avec un accordeur à condition de vérifier que les instruments qui ne peuvent s’accorder soient bien eux-mêmes accordés sur la même référence.
  
  
• Si c’est un accordéon qui donne la référence, l’accordéoniste veillera à ne jouer que la voix juste en supprimant les autres à l’aide de ses registres. Attention ! dans certaines sessions tous les instruments sont accordés un dièse au dessus de l’accordage standard.
  
  
• Laisser le temps à la session de démarrer, laisser le temps à tous les instruments qui en ont besoin de s’accorder, la session est aussi un moment de rencontre, laisser le temps à chacun de se saluer, demander des nouvelles, etc. 
  

 

3. Qui démarre les suites ?

• Il est important que tous les musiciens qui le désirent, puissent à tour de rôle démarrer une suite. Certaines sessions sont animées par un ou plusieurs musiciens. L’un de ces musiciens s’assure que chacun puisse démarrer à tour de rôle une suite.
  
  
• Évitez de démarrer plusieurs suites consécutives sans laisser le temps aux autres musiciens de démarrer leurs suites.

 

4. Comment démarrer une suite ?

• Vous pouvez jouer les premières notes du premier morceau pour que les autres musiciens puissent se préparer eux aussi à le jouer.
• Vous pouvez donner les noms des morceaux de la suite.
• Plus difficile mais très appréciable, vous pouvez jouer les premières mesures de chacun des morceaux de votre suite. 

5. Quand démarrer une suite ?

• Une session est une rencontre. Entre les sets des discussions sont entamées entre les musiciens, attendez que la discussion en cours soit terminée pour démarrer le set de morceaux suivant. Les irlandais sont souvent très étonnés par l’enchainement des sets en France. En Irlande, il est fréquent de parler pendant cinq minutes entre deux suites. En France il est rare de patienter plus d’une minute. Si vous souhaitez discuter avec votre voisin alors que la musique démarre ou qu’une suite est en cours, soyez discrets.
  
  
• Vous arrivez pour la première fois dans une session, prenez le temps de découvrir les habitudes du lieu, de repérer les spécificités de la session, vous serez inévitablement invités à lancer une suite par les habitués.
  
  
• Débutant, intimidé, vous n’osez pas démarrer une des suites que vous connaissez. Repérez un de vos voisins de session sympa et plus expérimenté, demandez lui s’il est possible de jouer votre suite.

 

6. Qui enchaine le morceau suivant dans une même suite ?

• La priorité revient au musicien qui a démarré la suite, celui-ci peut par un signe, un regard, un « hop », signaler le changement aux autres musiciens.

• Un morceau peut être enchainé par un autre musicien à la condition que celui-ci soit certain que le musicien ayant démarré la suite n’ait plus de morceau à enchainer.

7. A quelle vitesse jouer les morceaux ?

• Selon le Ceol Rince na hÉireann : Reels : noire = 224, Jigs : noire pointée = 127 , Hornpipes : noire = 180.

• Dans les faits, les tempi sont beaucoup plus libres.

• Privilégier lorsque vous lancez un morceau un tempo ou vous jouerez confortablement.

• Le tempo est donné par le musicien qui a démarré la suite, il doit être respecté.

• Les « Slow Sessions » sont dédiées aux musiciens débutants avec des tempi plus lents.

• Éviter d’accélérer un morceau parce que vous le jouez habituellement plus rapidement, vous mettez en péril le musicien qui a lancé la suite, en particulier au changement de morceau.

• En fin de session par jeu, il arrive que l’on joue une suite d’airs plus rapide que le tempo généralement admis.

 

8. Peut-on jouer autre chose que de la musique irlandaise ?

• Des morceaux issus d’autres répertoires peuvent être joués (Suède, France, Québec, …).
  
  
• Ces interventions sont ponctuelles.

9. Quels morceaux ?

• Le plus souvent, par ordre de fréquences décroissantes, des reels, des jigs, des hornpipes, des polkas, des slides et le reste. Les habitués locaux peuvent avoir d’autres préférences

• Le choix des morceaux à venir dépend du choix des morceaux joués précédemment. L’objectif étant par ce choix de créer une ambiance, une dynamique.

• Évitez de jouer trois séries de jigs consécutives ou trois séries de polkas. Variez les choix.

• Une session est une rencontre, un partage, évitez d’enchainer des sets connus d’un seul des musiciens.

• Essayez les airs nouveaux en début et en fin de session. Soyez attentif à la réaction des autres musiciens. S’ils le reprennent ou s’ils s’informent de son titre ou de son origine, vous pourrez le reprendre en session.

• Évitez les suites démarrant par un air connu et se poursuivant par des morceaux inconnus, contraignant les autres musiciens à s’arrêter en cours de suite. Si vous savez qu'un de vos tunes est méconnu, commencez par celui-ci.
  

• Évitez de reprendre un morceau déjà joué dans la même session.

• Privilégiez des versions standards connues des autres musiciens, plutôt qu’une version concert très arrangée reprise à partir d’un disque. Un jeu relativement simple est plus efficace en musique d’ensemble et une session n’est pas un concours.

10. Combien de morceaux, combien de fois ?

• En règle générale deux à trois morceaux par suite et trois fois chacun.

• Des airs courts tels que les reels simples (16 mesures) peuvent être joués quatre ou cinq fois.

• Si seulement deux morceaux sont enchaînés, il est tout à fait envisageable de les jouer quatre fois chacun.

• Quelques suites dans la session peuvent être plus longues.

11. Quelle place pour le chant ?

• Des chants peuvent ponctuer une session musicale. Sur demande d’un chanteur ou sur proposition d’un musicien, une personne présente peut interpréter un chant.

• Certains chants, sont interprétés a capella. Dans ce cas, par respect pour le chanteur et la chanson, les musiciens et les autres personnes présentes écoutent silencieusement.

• Si le chanteur souhaite un accompagnement, veillez à ne pas couvrir sa voix.

• Certaines sessions sont réservées aux chanteurs. Dans ce cas, la session est exclusivement interprétée par les chanteurs à tour de rôle.

12. Quelle place pour les airs lents ?

• Des Slow airs, généralement interprétés par un seul musicien, peuvent ponctuer la session.

• Dans ce cas, par respect pour le musicien et l’air, les autres musiciens et les autres personnes présentes écoutent silencieusement.

13. Quelle place pour la danse ?

• Des danseurs peuvent demander aux musiciens des suites de morceaux. Trois types de danses peuvent être interprétés, danses solo, danses de Ceili, Set dancing.

• Solo, ce type de danse demande un tempo très particulier, plus lent en général. Il est absolument nécessaire que le ou les danseurs se soient entendus avec les musiciens sur ce tempo avant de démarrer. Il est préférable que la suite de morceaux soit interprétée par peu de musiciens.

• Ceili, pour ce type danse, il suffit que les danseurs s’entendent sur le type de morceaux (reels, jigs, polkas, …). Une suite standard (trois morceaux joués trois fois chacun) convient. Il est préférable que la première phrase du premier morceau soit jouée une première fois en introduction. Deux musiciens peuvent par exemple jouer une première fois la première phrase, puis tous les musiciens et les danseurs démarrent normalement avec le premier morceau complet.

• Set dancing, ce type de danse est très structuré. Une figure demande un nombre de mesures déterminé. Soit les danseurs ou l’un des musiciens connait ce nombre de mesures (différent pour chaque figure), soit un danseur fera signe aux musiciens pour s’arrêter dans les huit dernières mesures. Cela peut tomber alors sur n’importe quelle partie du morceau, mais toujours à la fin d’une phrase.

14. Comment apprendre le répertoire ?

• Ben viens à Nancy ou à Metz apprendre avec nous ! 😁
  

• Le répertoire est vaste, souvent il existe un répertoire spécifique à un lieu de session. Il est important de s’équiper avec un matériel qui vous permettra d’enregistrer ce répertoire local. Pensez à demander l’autorisation avant de commencer à enregistrer.

• Il existe de nombreux recueil de partitions, de nombreuses sources sur internet, de nombreux disques. Il est intéressant avant d’apprendre un morceau de comparer les différentes versions afin de travailler une version adaptée à votre instrument et à la session.

• Les tonalités jouées dans les disques doivent toujours être vérifiées avant d’apprendre un morceau. Certains disques sont joués avec des instruments accordés un dièse plus haut. Sur d’autres disques, certains musiciens changent la tonalité d’un morceau pour rendre l’enchaînement plus dynamique.

15. Puis-je jouer en session un morceau que je ne connais pas ?

• La session n’est pas un lieu où l’on apprend les morceaux. Les morceaux, leurs accompagnements, les percussions sont travaillés chez soi avant d’être joués en session.

• Vous avez travaillé le morceau mais vous n’êtes pas encore à l’aise, ne jouez pas forte.

16. Combien d’instruments mélodiques par pupitre ?

• Aucune limitation sur le nombre des violons, des flûtes, des concertinas.

• Les instruments puissants en trop grand nombre peuvent saturer le son, les différences de jeu seront particulièrement perceptibles voire pourront générer des dissonances. Lorsque c’est possible, les instruments seront joués plus doucement, il pourra être envisagé de jouer à tour de rôle.

17. Accompagnement ?

• Les accompagnateurs (cordes, basses accordéons, ou percussions) peuvent choisir des options d’accords et de rythmes assez différentes et parfois incompatibles. Pensez à écouter les autres, à jouer avec les autres !

• Là aussi, en cas de difficulté, les instruments seront joués plus doucement, il pourra être envisagé de jouer à tour de rôle. 

• Attention aux contrechants, au choix des accords.

• Les cuillères seront utilisées avec parcimonie.

18. Improvisation ?

La session n’est pas un bœuf, l’objectif étant de jouer ensemble, il n’y a à priori pas de place pour l’improvisation.

19. Conclusion :

Que de règles !

Aucune de ces règles ne vous sera rappelée directement durant une session (ou alors c’est que la crise est proche !). Il ne s’agit bien souvent que de règles évidentes de politesse. Le rédacteur de ce topo est bien conscient de ne pas toujours les respecter scrupuleusement, mais pense qu’il est bon de mettre à disposition des musiciens qui découvrent « la session » quelques années d’expériences avec au menu des sessions extraordinaires et d’autres plus difficiles.

20. Références :

Livre : Field Guide to the Irish Music Session by Barry Foy - Publishers' Group West; ASIN